Meilleur Ouvrier de France 2011, François Bourgon, de la fromagerie Xavier à Toulouse, livre, selon lui, les clés de cette énigme : « Personnellement, je préfèrerais parler de niveaux d’expression… Le goût est tellement personnel, subjectif, culturel, conditionné par nos habitudes alimentaires depuis le plus jeune âge, que quelques grands fromagers ont construit cette classification, en puisant dans leur propre expérience».
Saveur fraîche
C’est une saveur très légèrement acidulée, voire crémeuse et lactique. On la retrouve notamment dans les fromages extra-frais, à la texture lissée ou granuleuse : petit suisse, fromage blanc, caillé…
Saveur neutre
Cette saveur caractérise la plupart des fromages à pâte pressée non cuite et au lait pasteurisé. Mais également tous les fromages très jeunes en affinage sauf pâtes persillées et croûtes lavées. Les fromages « neutres » conviennent souvent à ceux qui n’apprécient pas le fromage en raison de son goût trop fort.
Saveur douce
Elle se trouve notamment dans les fromages enrichis en crème, car le crémeux ôte toute agressivité : c’est le cas du brillat-savarin, du crémeux du mont St Michel… Elle se retrouve également dans les pâtes molles ou pressées non cuites, quand elles sont à un stade d’affinage jeune : les pâtes fleuries très peu affinées, ou le St-nectaire jeune.
Saveur peu prononcée
Celle-ci correspond en général à tous les fromages dont l’affinage a été interrompu avant totale maturation : aussi bien les pâtes molles (camembert, munster, maroilles, brie, coulommiers, chaource…), que les pâtes pressées de moins de 3 mois (reblochon, cantal…). Mais également la plupart des fromages de fabrication monastique, à la croûte peu marquée comme le cîteaux de l’abbaye, ou de fabrication spéciale : vacherin mont-d’or, raclette…
Saveur prononcée
Cette saveur évoque le « fromage de caractère ». Elle désigne souvent les fromages « bien faits », peu épais, dont l’affinage est « à point » : camembert AOC, brie au lait cru, bourguignon au chablis, curé nantais… Ce terme est également utilisé pour les pâtes cuites bien affinées et fruitées telles que le beaufort. Certaines tommes rustiques présentent cette saveur également, comme les auvergnates quand elles ont plus de trois mois. Sans oublier les pâtes persillées en début de saison : bleu des Causses.
Saveur forte
Cette notion caractérise les fromages épais, à pâte molle et fermentation lente (livarot, maroilles, époisses, munster…) dont l’odeur est généralement bien plus puissante que ne l’est le goût…, les pâtes persillées bien affinées (fourme d’Ambert, ou de Montbrison, bleu des Causses) ou encore les fromages épais à pâte pressée à l’extrême terme de leur affinage (6 mois pour une fourme de cantal, 10 à 22 mois pour un beaufort ou un comté).
Saveur très forte
Allant même jusqu’à piquante, voire faisandée, cette saveur s’applique en général aux fromages macérés (tomme au marc de raisin), aux fromages dont la fermentation est très lente (boulette d’Avesnes), à quelques bleus bien affinés (bleu corse, roquefort), et aux préparations spéciales (St Marcellin au gène de marc…).